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Il y a quelques années, ma sœur m’a dit qu’elle voulait faire du bénévolat pour l’Albert Kennedy Trust (AKT), une association qui vient en aide aux jeunes LGBTQ qui sont sans domicile ou vivent dans des environnements hostiles. Le timing était assez intéressant, dans la mesure où je cherchais à ce moment-là le moment opportun de lui faire mon coming-out. Je voyais cela comme un signe me montrant que je serais une de ces personnes chanceuses qui seraient vraiment acceptées par leur famille.

La mission de l’organisation m’a vraiment fait réfléchir : je travaillais dans le secteur du logement et depuis plusieurs années, découvrant de nombreuses initiatives de logement aux quatre coins du monde, et pourtant je n’avais jamais été confrontée à des problèmes de logement parmi la communauté LGBTQ. En tant que membre de cette communauté, je voulais en savoir plus. J’ai d’abord été consulter le site web de l’AKT. Les données que j’y ai trouvées m’ont vraiment choquée : un quart des jeunes sans domicile appartiennent à la communauté LGBTQ, trois-quarts de ces personnes estimant que leur identité sexuelle était la cause principale de leur sans-abrisme. Et 84 pour cent des organisations travaillant avec les personnes LGBTQ affirment que nombre de leurs usagers sont confrontés au sans-abrisme… Que se passe-t-il ?

Pour moi, c’était un rappel à la réalité, tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel. Personnellement, cela m’a rappelé les disparités au sein de la communauté LGBTQ. Cela démontrait que l’acceptance sociale des personnes importantes autour de vous, en plus de la stabilité économique et d’autres privilèges, pouvait vraiment faire toute la différence pour permettre à certaines personnes d’avoir un toit au-dessus de leur tête. Si la plupart des personnes LGBTQ que nous connaissons tombent dans cette catégorie plus confortable, il ne faut pas fermer les yeux sur les problèmes rencontrés par l’ensemble de la communauté.

Professionnellement, j’avais l’impression d’avoir vécu dans une caverne ou d’être passée à côté d’un problème important. Ou alors que ce problème n’était jamais abordé malgré les difficultés rencontrées par les personnes LGBTQ au niveau du logement. Plusieurs conversations avec d’autres experts du logement ont confirmé ma suspicion qu’il y avait un manque de sensibilisation sur ce problème, tant au Royaume-Uni qu’à l’étranger.

En 2016, nous avons eu l’énorme chance que Stonewall Housing participe à nos Prix Mondiaux de l’Habitat. Il s’agit de la plus grande organisation spécialisée dans les conseils en matière de logement et dans l’accompagnement des personnes LGBTQ en Angleterre, et son travail important avec les personnes LGBTQ vulnérables qui n’ont pas accès au logement décent lui a permis d’être sélectionnée parmi les finalistes des Prix. Cela a entraîné de nouvelles conversations, et a poussé l’équipe de World Habitat à se pencher plus sérieusement sur ce problème.

C’est ce qui a motivé la rédaction de notre nouveau rapport, intitulé Left Out: Why many LGBTQ+ people aren’t accessing their right to housing. Ce rapport visait à collecter des données sur les nombreux problèmes de logement rencontrés par les personnes LGBTQ, en dénonçant la discrimination systémique contre les personnes LGBTQ dans le secteur du logement et dans la société en général, ce qui impacte sur les opportunités de logement de ces personnes. À ma connaissance, les études existantes réalisées par les universitaires ou le secteur associatif ont permis de collecter de nombreuses données sur des problèmes spécifiques de logement des personnes LGBTQ, telles que ceux rencontrés par les personnes âgées, les victimes de violence domestique, les réfugiés, etc. Je voulais apporter ma pierre à l’édifice en collectant des données visant à dresser un tableau plus complet des problèmes rencontrés par les personnes LGBTQ dans le monde entier.

Ce travail s’est avéré très difficile, dans la mesure où les données et les témoignages racontaient des histoires extrêmement difficiles, notamment d’enfants virés de leur domicile et tombant dans des relations abusives pour garder un toit au-dessus de leurs têtes, de réfugiés victimes d’abus violents dans des logements accompagnés, de femmes âgées harcelées par leurs voisins, etc. Personne ne devrait subir ce type d’expérience. Pourtant cela se passe autour de nous. Nous devons arrêter de fermer les yeux et nous devons agir rapidement.

Sur base des conclusions du rapport et des conversations avec les acteurs qui travaillent dur pour améliorer la situation, il semble important de développer une méthode d’accompagnement qui :

1) empêche les personnes LGBTQ de sortir du système du logement, notamment via des logements sociaux [1] et des logements accompagnés qui tiennent compte des défis rencontrés par les personnes LGBTQ ;

2) offre un « filet de sécurité » pour les personnes qui perdent leur logement, comme des services d’aide aux sans-abri, des refuges pour les victimes d’abus et pour les demandeurs d’asile/réfugiés, et ;

3) fournit des solutions pour permettre à ces personnes de retrouver un logement sûr, comme des aides pour sortir des logements accompagnés, des approches de logement d’abord, etc.

Nous ne pouvons y arriver que si nous sommes prêts à accepter qu’une nouvelle législation axée sur les personnes LGBTQ ne suffise pas pour régler tous les problèmes. Les organismes de logement doivent comprendre qu’il n’est pas possible de rester passif face à ce problème pour trouver des logements sûrs pour ces personnes. En réalité, la prise de mesures proactives est importante pour améliorer les standards en matière de diversité. Pour certaines personnes LGBTQ, cela peut faire la différence entre le sans-abrisme et la sécurité. Et dans certains cas, entre la vie et la mort.

Nous espérons que ce rapport aidera le secteur du logement et la société dans son ensemble à mieux comprendre une communauté souvent exclue des solutions actuelles. Encore une fois, nous pouvons nous rendre compte que nous sommes loin de garantir le droit au logement pour tous, mais également que nous pouvons contribuer à résoudre ce problème.

[1] Useful Resource: No Place like Home? Exploring the concerns, preferences and experiences of LGBT*Q social housing residents, HouseProud and University of Surrey.


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