Description du projet

Le projet s’inspire d’une approche architecturale ancestrale pour régler le problème des matériaux inadéquats utilisés pour les toitures des maisons du Sahel. Traditionnellement, les toitures étaient en bois, mais la déforestation et l’environnement de plus en plus aride ont engendré une pénurie de bois. Dès lors, des poutres métalliques, du béton et de la tôle ont été utilisés. Ces matériaux engendrent une mauvaise isolation thermique, doivent être importés à un prix coûteux et ont une énergie grise élevée.

Le programme de l’Association La Voûte Nubienne « Un toit, un métier, un marché » promeut une alternative durable et abordable : la toiture voûtée de terre. Cette approche utilise les briques de terre séchées au soleil pour créer un toit voûté qui n’a pas besoin de poutre ou de solive pour se soutenir. Le concept emprunte des techniques de construction et des matériaux utilisés dans l’Égypte ancienne. Une maison construite en utilisant cette technique est plus confortable, plus saine et plus solide qu’une maison avec une toiture en tôle. Elle est également moins coûteuse et peut être construite à partir de matériaux locaux facilement disponibles. Le projet a débuté au Burkina Faso mais s’est répandu dans d’autres parties de l’Afrique de l’Ouest incluant le Mali, le Sénégal, le Bénin et le Ghana.

Une candidature précédente aux Prix Mondiaux de l’Habitat de l’Association La Voûte Nubienne pour le projet ‘Pour des toits de terre au Sahel’ – qui a été finaliste en 2009 – se concentrait sur les premières étapes de ce travail au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal. Cette candidature décrit la façon dont le programme des voûtes nubiennes a eu un impact important grâce à l’étendue et le transfert du programme dans deux autres pays de l’Afrique de l’Ouest via les formations, le renforcement des capacités et le développement du réseau.

Ce programme basé sur le marché vise à générer et soutenir l’offre et la demande locales pour les voûtes nubiennes via trois concepts interconnectés :

  • un Toit (référence au développement de logements adéquats dans un marché du logement local),
  • un Métier (soutenir la formation des maçons et des entrepreneurs),
  • un Marché (créer des opportunités économiques en encourageant les personnes impliquées dans le marché du logement à adapter cette solution).L’Association La Voûte Nubienne promeut des collaborations panafricaines et des échanges de connaissances entre différents acteurs (maçons, chefs de projet et acteurs clés) afin de développer le travail au niveau régional et tirer des leçons de différentes expériences.Depuis sa création, l’association a construit 2.000 bâtiments et logé 24.000 personnes dans cinq pays, a formé 440 maçons et 400 apprentis, a contribué à hauteur de 2,4 millions d’euros (2,6 millions de dollars) aux économies locales et a permis d’économiser environ 65.000 tonnes de CO2 (calculées sur une longévité de 30 ans du bâtiment).Le groupe cible de ce programme est les populations rurales de l’Afrique de l’Ouest, vivant avec moins de 2 dollars par jour et en dehors des économies formelles. Toutefois, le concept est flexible et peut être approprié à plusieurs types de clients : les personnes vivant en région urbaine et rurale, les privés et les communautés, les bas revenus et les hauts revenus. L’association adapte les études techniques réalisées afin d’adapter leur offre et leurs techniques aux différents besoins.

Il y a plusieurs groupes qui bénéficient du programme de l’Association La Voûte Nubienne :

  • Les populations locales qui ont accès à des solutions alternatives de logement abordables et adéquates et à de meilleurs moyens de subsistance.
  • Les femmes et les enfants, en particulier, sont les principaux bénéficiaires des maisons et des cours.
  • Les jeunes locaux ont accès à des formations professionnelles, les aidant ainsi à trouver une place dans le monde du travail, quel que soit leur niveau d’éducation. La majorité des apprentis et maçons sont des agriculteurs saisonniers, avec peu de sécurité de revenus. Les emplois au sein du programme leur fournissent des revenus supplémentaires durant la basse-saison ; les maçons apprennent également des techniques d’autres maçons de différents pays de l’Afrique de l’Ouest, ce qui permet d’enrichir leur expérience et leurs connaissances.
  • Les artisans locaux et les sociétés de construction bénéficient d’un nouveau produit qui améliore leur compétitivité dans un contexte de croissance verte. Les voûtes nubiennes demandent peu de technologies et sont peu coûteuses, ce qui en font une solution commerciale idéale.
  • Les membres de la communauté sont formés pour devenir des personnes clés, chargées de la liaison avec d’autres membres de la communauté, et via ce programme, elles ont acquis de nouvelles compétences en matière d’organisation de la communauté et de sensibilisation.
  • Les acteurs locaux utilisant des bureaux, magasins, classes, centres de santé ou autres accèdent à une infrastructure appropriée et à des niveaux plus élevés de confort.

Objectifs

Le principal objectif du programme est d’aider le plus de personnes possible dans la région du Sahel à accéder à des logements appropriés (abordables, décents et durables). Le programme vise également à booster l’économie locale, créer des emplois grâce à la formation de maçons et réduire l’impact du changement climatique.

Enfin, l’objectif ultime de l’association est d’étendre significativement le programme pour qu’il développe 300.000 logements et forme 60.000 maçons d’ici 2030.

Contexte

Le logement est précaire pour la majorité de la population de la région du Sahel. Les revenus sont bas et l’économie locale est faible. La croissance urbaine et la déforestation ont engendré la disparition des ressources naturelles en bois utilisées dans l’architecture traditionnelle. Les alternatives à la construction traditionnelle de logements, comme les matériaux utilisés (ciment, acier, toits en tôle ondulée) et les systèmes monétaires impliqués (importations, utilisation d’argent liquide), n’ont pas permis de fournir des logements durables à la majorité des locaux.

Les sociétés sahéliennes sont principalement rurales (80%) et sont principalement composées d’agriculteurs de subsistance. Ces populations luttent pour satisfaire leurs besoins basiques quotidiens et ont besoin d’opportunités de génération de revenus.

L’implication politique est généralement faible, mais l’intérêt pour de meilleures solutions de logement utilisant des matériaux locaux a récemment pris de l’ampleur, étant donné les défis posés par le changement climatique. Les politiques nationales de réduction de carbone au Burkina Faso et au Sénégal mentionnent spécifiquement les voûtes nubiennes comme une solution appropriée pour le développement durable.

Principales caractéristiques

Les toitures sont abordables car elles utilisent des matériaux facilement disponibles, et les communautés participent à leur construction. Par exemple, une voûte nubienne de 25 m2 au Burkina Faso coûte environ 450 euros (500 dollars), dont 300 euros (332 dollars) sont fournis par le client en matériaux et en main-d’œuvre. À titre comparatif, un toit en ciment et fer dans la même région coûte environ 1.000 euros (1.100 dollars).

Ces toitures sont durables sur le plan écologique. Les matériaux ont une faible empreinte carbone car ils sont disponibles localement, ce qui réduit les besoins de transport. Ils réduisent la demande locale de bois, ce qui permet de réduire la menace d’abattage des arbres.

Les techniques sont intégrées dans les traditions locales comme une version révisée d’une forme vernaculaire d’architecture. Celles-ci offrent un degré élevé d’efficacité énergétique et de stabilité thermale.

L’approche stratégique prise par l’association est de créer et de maintenir un marché local abordable pour les voûtes nubiennes, de façon formelle et informelle, afin de les rendre accessibles au plus grand nombre de personnes possible.

La méthodologie initiale de diffusion se concentre sur des villages pilotes, dans lesquels des responsables de l’Association La Voûte Nubienne, avec l’aide d’un « acteur de la communauté » (un membre clé de la communauté), organisent des activités de sensibilisation afin de générer une demande initiale parmi les clients potentiels. L’acteur de la communauté est une personne avec un certain degré d’influence dans la région, qui estime que les voûtes sont une solution pour le logement, l’emploi et le développement économique, et qui a la capacité de convaincre d’autres personnes de sa communauté. Généralement, cette personne est le chef d’un groupe d’agriculteurs, ou une personne déjà impliquée dans une organisation similaire. Nombre de ces personnes sont des femmes. Elles jouent un rôle central pour créer davantage d’opportunités de diffusion du concept. De même, les associations locales jouent un rôle clé dans la diffusion du concept et la croissance d’un marché local pour les voûtes. Cette diffusion se fait également en parallèle à la formation de maçons via des stages, et dans certains cas, ces formations sont données par des maçons venant d’autres pays où le projet se trouve à un stade plus avancé.

De ces villages, le concept des voûtes nubiennes se répand dans les communautés voisines afin de stimuler un marché local pour la solution. Les maçons participent à cette diffusion en la promouvant via leurs réseaux et activités.

Par rapport à la diffusion dans la région : au début du programme, de nouveaux pays (Mali, Sénégal) se sont joints au mouvement sur l’invitation d’ONG locales. Mais lorsque le projet est parvenu à maturité, il a fait des choix plus stratégiques en matière de pays dans lesquels il serait implanté.

Des représentants du programme ont réalisé des missions d’exploration afin d’en savoir plus sur la qualité de la terre, les niveaux de précipitations, les types de bénéficiaires et les niveaux d’intérêt des partenaires potentiels.

Pour chaque nouveau pays, un bénévole international est formé pour diriger la mise en œuvre par le personnel du bureau de Burkina Faso. Étant donné que les stagiaires participent directement aux activités quotidiennes de ce bureau, les frais généraux et les coûts de formation restent peu élevés. Une stratégie pour la réplication régionale est établie dès le départ, afin de maximiser les opportunités de diffusion, et conformément aux ressources et à la pertinence. Une équipe nationale est mise en place pour réaliser des activités de sensibilisation parmi la population locale, générant une demande pour les voûtes et un intérêt pour la formation des maçons et d’autres professionnels du bâtiment parmi la société civile locale, les institutions locales, régionales et nationales, et les organisations du secteur privé.

Une des premières actions dans un nouveau pays est la construction d’un nouveau bureau. Cela en soi est une partie importante du programme, car la construction de ce bureau permet de former des stagiaires locaux sur cette technique. Le bâtiment terminé devient un modèle de démonstration du concept. Les terrains sur lesquels les bureaux sont construits ne sont pas achetés par l’Association La Voûte Nubienne mais octroyés gratuitement à l’organisation par les propriétaires locaux, en échange du transfert de la propriété du bâtiment après une période convenue (environ 10 ans).

Ces dernières années, s’appuyant sur son succès, le programme a développé de nouvelles stratégies pour stimuler le marché et atteindre le plus grand nombre de personnes possible :

  • Ils ont développé des formations techniques et entrepreneuriales plus coûteuses pour les maçons, leur permettant d’améliorer la production chaque saison et d’implanter leur travail dans le marché local.
  • Le programme encourage également d’autres organisations à inclure les voûtes dans leurs projets de construction.
  • Le programme a introduit des microcrédits et des subventions pour améliorer l’accès au logement pour les personnes pour lesquelles le bas coût d’une voûte est encore trop élevé.
  • Des réunions régulières de maçons et d’organisations sont organisées dans la région du Sahel afin de permettre aux personnes de partager leurs expériences et d’améliorer leurs connaissances collectives, et de fournir une plateforme pour permettre aux personnes de partager leurs progrès et succès.

Un aspect clé du programme est de soutenir la relation entre les maçons et les clients. Il le fait en vantant les avantages du concept des voûtes au public afin de stimuler la demande. Il sert également d’intermédiaire entre les maçons et les clients en cas de malentendus ou de conflits. Cela permet de réduire le risque de voir les maçons partir sans finir leur travail ou de voir les clients refuser de payer les maçons.

Le projet dispose en outre d’un programme de formation professionnelle. À ce jour, 440 maçons ont été formés et il y a actuellement 400 apprentis.

La nature saisonnière du programme complète l’agriculture de subsistance. Les voûtes ne peuvent être construites que durant la saison sèche, alors que l’agriculture de subsistance (qui est la principale source de revenus) n’est possible que durant la saison pluvieuse. Sans ce programme, il y a peu de travail durant la saison sèche, et cette situation a engendré un exode de jeunes à la recherche d’un emploi. Ce programme permet de freiner cet exode.

L’Association La Voûte Nubienne met l’accent sur l’open source. Cela lui permet de concentrer ses activités sur la mise en place du programme dans de nouvelles régions et de se retirer ensuite, laissant la mise en œuvre et la direction du programme aux locaux.

Quel est son impact ?

Le programme a joué un rôle important pour aider les pays de la région du Sahel à respecter leurs engagements en matière de changement climatique.

Tous les états membres des Nations Unies ont été invités à formuler des engagements pour réduire le changement climatique pour la Conférence de Paris sur les changements climatiques en 2015. Ces engagements devaient démontrer la façon dont les pays concernés allaient réduire les émissions de gaz à effet de serre et modifier leurs politiques pour s’adapter aux changements climatiques. La technique de la Voûte Nubienne a été mentionnée par les gouvernements du Burkina Faso et du Sénégal dans leurs engagements pour cette conférence.

Le gouvernement du Mali a également choisi de mentionner les Voûtes Nubiennes comme un outil approprié de développement dans son cadre stratégique 2016-2018 pour la relance économique et le développement durable. Il s’agit d’un cadre politique public liant la croissance économique et l’amélioration des conditions de vie pour les personnes.

Au Bénin et au Ghana, l’association a mené un travail de sensibilisation tout au long de 2015 et même si les Voûtes Nubiennes ne sont pas spécifiquement mentionnées dans les engagements de ces pays, ils reconnaissent l’importance des secteurs de la construction et du logement pour la réduction des changements climatiques. Cela représente un pas en avant pour transformer les secteurs de la construction et du logement, en reconnaissant qu’un changement s’impose. Bien qu’il soit difficile d’attribuer l’impact de cela, au Ghana, l’intérêt au sein des organisations du secteur public pour les Voûtes Nubiennes a augmenté après la Conférence sur les changements climatiques de Paris.

Comment est-il financé ?

Les coûts de fonctionnement du programme ont augmenté chaque année avec la croissance du programme.

  • En 2005, le budget annuel était de 11.700 euros (13.000 dollars), tous les membres du personnel étaient des bénévoles.
  • En 2012, avec trois pays concernés, le budget est passé à 366.000 euros (405.000 dollars) et le programme comptait 20 employés salariés.
  • En 2016, le budget de 1,4 million d’euros (1,5 million de dollars) couvre cinq pays et le travail de 70 employés.

L’Association La Voûte Nubienne est financée par des subventions.

  • Le premier grand financement reçu était une subvention du Ministère français des Affaires étrangères de 30.000 euros (33.500 dollars) en 2003-2004. Avant cela, les activités étaient financées via des dons privés et l’investissement personnel des cofondateurs.
  • En 2015-2016, l’association a reçu la moitié de son financement de sources publiques (Agence française de développement, Fonds français pour l’Environnement mondial) et l’autre moitié de fondations privées et de fondations d’entreprises.

Aspects innovants

L’innovation repose principalement dans la technologie en soi, qui est simple, reproductible, modulaire et abordable. Les briques de terre sont séchées au soleil, ce qui ne nécessite aucune machine, et sont assemblées avec un mortier de terre suivant une technique simple.

L’approche de l’entreprenariat social prise par l’Association La Voûte Nubienne est innovante. Au lieu de construire les maisons directement, le programme crée et soutient un marché local dans lequel les maçons locaux, les apprentis, les sociétés et les clients peuvent opérer.

La nature panafricaine et la collaboration transnationale du programme sont peu courantes. Toutes les équipes nationales et régionales se réunissent chaque saison dans le cadre de réunions régulières du comité directeur.

Les maçons en formation ont également l’opportunité de se réunir chaque année lors du Congrès des Maçons organisé début juin. En 2016, les maçons maliens ont été invités au congrès du Burkina Faso, en vue de renforcer leurs compétences, valoriser les connaissances et partager les expériences de chaque maçon dans la sous-région. Le programme mobilise également les maçons les plus expérimentés – du Burkina Faso et du Mali – afin de former les premières générations de maçons dans les nouveaux pays (Sénégal, Bénin et Ghana).

Quel est son impact sur l’environnement ?

La technique des Voûtes Nubiennes facilite la construction de bâtiments durables à faible empreinte carbone et représente une vraie solution pour la réduction et l’adaptation des changements climatiques pour le secteur du logement en Afrique de l’Ouest. Les principaux matériaux de construction sont des briques de terre séchées au soleil, composées de terre disponible localement, et les voûtes n’ont pas besoin de toitures en tôle, souvent utilisées dans la région du Sahel malgré leur inadéquation environnementale (importées, empreinte carbone élevée pour leur production et transport).

Les briques de terre ont une énergie grise très faible : elles sont produites sans machine ou bois de chauffage, sur ou à proximité du site de construction, et leur utilisation est durable grâce à la nature géologique de ces territoires.

L’épaisseur des murs et des toits et les qualités en matière d’isolation naturelle des briques de terre fournissent un meilleur confort thermique par rapport aux autres solutions de construction disponibles dans la région. Les études comparatives de mesure thermique au Burkina Faso et au Sénégal ont confirmé l’avantage des voûtes nubiennes à cet égard.

Cette stabilité thermique améliore également les bâtiments communautaires comme les centres de santé, les écoles (des horaires scolaires plus longs sont possibles, en particulier les après-midis, et les étudiants et professeurs pourraient bénéficier de meilleures conditions de travail), ou les installations agricoles (meilleure productivité, meilleur stockage des produits périssables).

Pour un bâtiment de 25 m2 et sur un cycle de vie de 30 ans, les émissions de carbone sont estimées à 20,5 tonnes.

Les constructions des voûtes nubiennes permettent également de préserver les ressources naturelles, utilisant ni bois ni paille. Les maisons traditionnelles utilisaient ces deux matériaux pour leurs toits.

Quel est l’impact social du projet?

Le programme de La Voûte Nubienne a déjà amélioré les conditions de logement de 2.000 ménages, avec les bénéfices associés pour la santé de l’amélioration des températures intérieures. Elle a également amélioré les conditions de vie et les économies des locaux, notamment dans les communautés à très faibles revenus et dans les régions rurales. Les femmes et les enfants font partie des principaux bénéficiaires car ils passent davantage de temps à la maison que les hommes.

La nature de l’architecture (utilisant des matériaux bruts locaux) encourage les clients et leurs proches à participer directement à la construction. Cela permet de réduire les coûts de construction mais génère également un meilleur sentiment de contrôle, de propriété et de réussite, encourageant la participation de la communauté et renforçant les traditions de cooperation.

Le programme a le potentiel d’opérer dans l’ensemble de la zone Sahélo-Soudanienne, du Sénégal à Djibouti, et les Voûtes Nubiennes pourraient améliorer la situation de logement de millions de personnes.

Comme dans la plupart des régions du monde, le secteur de la construction dans la région du Sahel emploie principalement des hommes. Toutefois, les femmes sahéliennes sont responsables des dépenses domestiques, incluant les coûts de construction des maisons. La participation des femmes dans le programme est très importante car les femmes jouent un rôle clé pour choisir le type de maison que le ménage achète ou construit. Cela n’implique pas pour autant que toutes les décisions soient prises par les femmes, mais qu’elles jouent souvent un rôle clé dans les finances du ménage. Les économies impliquées dans les toits nubiens peuvent contribuer à rediriger l’argent vers d’autres dépenses domestiques comme la santé, l’éducation, la nourriture ou le chauffage.

Viabilité financière

Les coûts devraient continuer à augmenter conformément à la croissance du travail de l’organisation et de la demande pour sa présence dans de nouvelles régions et de nouveaux pays. Les attentes pour les prochains budgets sont les suivantes : 2 millions d’euros (2,2 millions de dollars) en 2016-2017, 2,5 millions d’euros (2,7 millions de dollars) en 2017-2018 et 3,3 millions d’euros (3,6 millions de dollars) en 2018-2019.

L’Association La Voûte Nubienne maintient ses activités de levée de fonds conformément avec la croissance projetée. Elle se prépare à adapter son modèle économique dans le futur proche pour obtenir davantage de soutien des investisseurs sociaux. Gardant sa détermination de travailler avec d’autres dans un marché ouvert, l’association vise à créer un modèle hybride à but lucratif et non lucratif afin de la rendre financièrement viable. Cela permettrait de transférer la propriété du développement d’un marché du logement durable vers les acteurs locaux (états, centres de formations, sociétés, etc.).

Les partenaires financiers de l’association ne sont pas uniquement des philanthropes, ils sont également des investisseurs sociaux qui attendent des retours sociaux : construction de maisons, formation de maçons, amélioration des économies et stratégies pour réduire les changements climatiques. Un financement basé sur les résultats est une perspective sur l’investissement social qui se concentre sur l’impact réel plutôt que sur des projets ou processus spécifiques. Cette approche permet à l’Association La Voûte Nubienne de développer un programme complet et intégré visant à mettre en œuvre sa mission globale, anticipant ses résultats tout en lui permettant d’adapter sa stratégie au context.

Obstacles

Un premier obstacle rencontré était les préjugés par rapport à l’utilisation de la terre pour les constructions, considérée comme trop précaire, trop fragile et pas suffisamment moderne. Le principal argument de l’association pour battre en brèche ce préjugé est les voûtes mêmes, qui démontrent la versatilité et la modernité de l’architecture utilisant la terre. Aujourd’hui, la demande est plus importante que l’offre de maçons, ce qui démontre que ce problème a été surmonté.

Un deuxième obstacle est le manque d’organisations impliquées qui soutiennent la croissance d’un marché du logement durable. Dès le départ, le programme avait développé une stratégie de sensibilisation mais la réponse était au début assez lente. Malgré les problèmes environnementaux et les contraintes climatiques, il y a eu récemment un changement positif, démontré par l’adoption des voûtes nubiennes par des organisations et acteurs du marché qui recherchent des solutions durables et à faible empreinte carbone pour les établissements humains. L’Association La Voûte Nubienne continue de se reposer sur ces progrès pour stimuler et accélérer la reproduction du modèle.

Leçons retenues

L’expérience de l’Association La Voûte Nubienne a démontré que son accent initial exclusivement sur les communautés rurales n’était pas suffisamment efficace : pour avoir un impact plus important, elle a réalisé qu’elle devait s’adresser à toutes les couches de la société et inclure le plus grand nombre d’acteurs possible (acteurs ruraux, urbains, privés, institutionnels, etc.).

La stratégie est par conséquent maintenant beaucoup plus large et l’inclusion des communautés bénéficiaires dans les activités (personnes clés des communautés, maçons, apprentis, partenaires locaux reproduisant la méthode) est également essentielle pour le succès à long terme, pour permettre le transfert et la diffusion des connaissances.

Évaluation

Le programme est évalué chaque année, via un processus ascendant de collecte de données via lequel les informations sont transmises des agents de terrain à la coordination internationale, afin de rédiger un rapport national. Des évaluations externes sont également menées régulièrement en vue de fournir une analyse qui ne serait pas biaisée. Les résultats démontrent le succès important du programme, avec une croissance moyenne de 30% du marché des voûtes nubiennes.

Les analyses démontrent que la demande est à présent plus élevée que l’offre possible avec le nombre de maçons formés, ce qui démontre que ce modèle pourrait croître davantage. Par conséquent, l’association a développé des activités visant l’accélération de la production (formations, aide entrepreneuriale et incitations financières pour les maçons) et de l’adoption de la solution des voûtes.

Reconnaissance

Le travail de l’association La Voûte Nubienne a bénéficié d’une reconnaissance internationale importante et a reçu plus de 15 prix pour son travail sur l’amélioration des constructions en Afrique.

Le projet des voûtes nubiennes reçoit des visites fréquentes de communautés voisines et de personnes qui ont entendu parler du concept (dans le pays ou à l’étranger, notamment dans d’autres continents).

Toutes les voûtes nubiennes construites servent de « maisons modèles » pour le programme et sont des outils de diffusion clés en démontrant les avantages directement (température, confort, solidité, esthétique, etc.).

Transfert

Créé à Boromo, au Burkina Faso, le programme s’est depuis répandu dans d’autres régions du Burkina Faso (2006) et dans des pays voisins : Mali (2007), Sénégal (2010), Bénin et Ghana (2014). Quelques projets pilotes ont également été développés dans d’autres pays, en Zambie (2010) et en Mauritanie (2014), par des ONG locales ou internationales.

Il y a eu un tournant en 2007 avec l’ouverture d’un deuxième programme national. L’étendue du programme s’est accélérée depuis 2014 et l’approche a le potentiel de croître de façon considérable (300.000 maisons, trois millions de bénéficiaires, 60.000 maçons et apprentis d’ici 2030). L’association espère étendre son programme à d’autres pays de la région sahélienne occidentale, adjacente à ses territoires présents d’action. Ceux-ci incluraient le Togo, la Côte d’Ivoire et la Guinée. Elle cherche également à l’étendre à d’autres sous-régions africaines : le Soudan, à l’extrémité orientale de la région sahélo-soudanienne, et le Kenya, un pays clé pour l’expansion en Afrique de l’Est et en Afrique australe.

La technique de construction des voûtes nubiennes est potentiellement transférable à n’importe quelle région où il y a peu de précipitations et où le bois est disponible en quantité limitée.

L’association travaille constamment en vue de diffuser le concept aux organisations communautaires locales.