Description du projet

Via ce projet d’assainissement écologique, Umande Trust cherche à permettre aux communautés marginalisées qui vivent dans des quartiers urbains informels à accéder à des services basiques grâce à la fourniture de biocentres. L’organisation facilite la participation de la communauté et fournit des formations et un accompagnement pour permettre aux habitants de ces quartiers informels de diriger la planification, le développement et la gestion des installations. Ce processus de développement communautaire permet aux locaux d’acquérir de nouvelles compétences et un sentiment de propriété, et fournit des installations sanitaires écologiques qui répondent aux besoins locaux.

Le biocentre est composé d’une installation sanitaire écologique (toilettes, douches) avec un étage supplémentaire pour des logements, des bureaux, des espaces commerciaux, etc. Le biogaz généré par le projet fournit une énergie propre pour la cuisine et l’éclairage.

Le projet a débuté en janvier 2013 et a, à ce jour, mis en place plus de 70 installations sanitaires écologiques dans cinq comtés du Kenya : Nairobi (dans les quartiers de Mukuru, Kibera, Mathare, Korogocho et Kibagare), Kisumu, Nakuru, Embu et Kirinyaga. Cinq des installations terminées incluent également un total de 23 logements. Ces installations sont mises en place dans des écoles et d’autres institutions, dans des quartiers urbains informels aux quatre coins du pays. Les projets ont pour l’instant travaillé avec 70 groupes d’entraide ou organisations communautaires et ont développé des installations qui accueillent environ 500 personnes par jour.

Objectifs

L’objectif global de ce projet particulier est d’augmenter l’utilisation des technologies sanitaires écologiques pour améliorer la santé et les moyens de subsistance dans les quartiers informels au Kenya en améliorant la gestion des excréments humains, et en améliorant l’accès aux services sanitaires et à l’eau potable grâce à la construction d’installations sanitaires (biocentres).

L’initiative répond à des problèmes rencontrés par les communautés dans les quartiers informels au niveau du manque d’accès aux installations sanitaires, des logements inadéquats et d’une crise de l’eau.

Parmi les bénéficiaires, on retrouve :

  • les groupes communautaires qui gèrent les installations et bénéficient de retours économiques provenant de l’utilisation des toilettes et des commerces à l’intérieur des bâtiments comme des cuisines, des cybercafés, des crèches, etc. ;
  • les ménages qui vivent et travaillent près des installations via une amélioration des installations sanitaires ;
  • les personnes handicapées, étant donné la fourniture de toilettes accessibles aux personnes handicapées ;
  • les enfants dans les écoles grâce à l’amélioration des installations sanitaires et à des activités pédagogiques liées à certains biocentres comme des bibliothèques, du jardinage et des activités de sensibilisation sur les problèmes écologiques ;
  • des promoteurs de l’hygiène via l’amélioration des installations sanitaires et la hausse des opportunités pour sensibiliser le public sur les pratiques hygiéniques ;
  • les travailleurs communautaires qui gagnent de l’argent grâce à leur implication dans les constructions ;
  • les résidents des cinq biocentres (trois à Mukuru, un à Korogocho et un à Kibera) qui ont construit 23 logements entre eux grâce à des logements abordables et de bonne qualité. Ces résidents viennent des quartiers informels et ont été sélectionnés par les groupes communautaires ;
  • les utilisateurs des sous-produits (résidents et commerces au sein des installations) ont un accès à moindre prix à l’énergie pour la cuisine, l’éclairage, etc. ;
  • les utilisateurs des autres services proposés comme l’accès à Internet, les cours communautaires sur les problèmes environnementaux, les micro-crédits, les audits sociaux, les espaces de réunion, et la diffusion de matchs de football.

Actuellement, seuls les occupants des bâtiments peuvent utiliser les produits écologiques. Toutefois, lors des cinq prochaines années, Umande Trust prévoit de disposer d’une usine pouvant traiter et stocker le biogaz dans des cylindres et l’engrais dans des conteneurs. Cela profitera aux résidents, aux ménages et aux petits commerces au sein des quartiers informels.

Contexte

Au Kenya, les maisons des quartiers informels se caractérisent par des structures basses et non permanentes construites avec des murs et des toits composés de terre ou de tôle et de sols en béton. Ces maisons n’ont généralement pas de toilette, de douche, de système d’égouts et d’éclairage en bonne et due forme. Alors que la croissance urbaine est en hausse, la qualité de l’environnement dans les quartiers informels se détériore à une vitesse alarmante. Cela se manifeste par la perte de biodiversité, l’accumulation de déchets solides et de matières fécales, la hausse de la prévalence des maladies et d’autres indicateurs de facteurs environnementaux précaires. La situation géographique de nombreux quartiers informels, qui sont souvent situés dans des vallées, des zones à risques ou autres, les rend difficiles d’accès, ce qui engendre des problèmes complexes en matière d’accès à l’eau et aux installations sanitaires.

L’accès limité aux installations sanitaires implique que les résidents doivent utiliser des méthodes inadéquates pour le traitement des déchets, comme des seaux, des toilettes volantes[1] ou la défécation en plein air. Ce manque d’hygiène a causé de nombreuses maladies comme le choléra, la dysenterie et la diarrhée. Différentes mesures ont été prises pour améliorer l’accès à l’eau et aux installations sanitaires, comme des fosses communales, des toilettes mobiles, etc., mais ces mesures n’ont pas permis de lutter contre les causes du problème.

Les installations sanitaires écologiques (biocentres) sont conçues par la communauté pour lutter contre les problèmes rencontrés par la communauté pour accéder à des installations sanitaires décentes, et répondre à d’autres besoins comme le manque de logements et d’espaces multifonctionnels.

[1] Utilisation de sacs en plastique comme toilettes, qui sont ensuite « projetés », d’où le terme de « toilettes volantes »

Principales caractéristiques

Umande Trust promeut des processus communautaires basés sur la pleine participation de tous les acteurs. Les activités du programme incluent la sélection du groupe communautaire qui dirigera la construction, les études pour déterminer la grandeur et la localisation des toilettes, des formations du groupe sur la promotion de l’hygiène, l’alphabétisation financière et la gouvernance, et la construction des installations sanitaires.

Au départ, l’organisation lance un appel auquel les groupes communautaires doivent répondre pour gérer les biocentres, en utilisant des affiches placées dans les quartiers informels ou via des acteurs clés comme les anciens du village, les fonctionnaires du gouvernement local ou des membres de l’assemblée du comté afin d’atteindre les groupes communautaires.

Les caractéristiques d’un groupe communautaire adéquat pour mener ce travail incluent :

  • Des groupes qui existent depuis plus de six mois.
  • Un groupe qui possède une charte de valeurs et une activité qui les relie déjà et où les revenus des biocentres complètent des sources existantes de revenus et ne sont pas la seule source de revenus, par exemple :
    • Le « table banking » : où les membres se réunissent chaque mois autour d’une table sur laquelle ils déposent leurs économies, leurs remboursements de prêts et autres contributions et accordent ensuite des emprunts à court ou long terme à différents membres intéressés.
    • Un manège financier : où les membres donnent régulièrement des petites sommes d’argent et chaque fois que de l’argent est collecté, la somme entière est octroyée à un des membres. Les membres reçoivent cette somme chacun à leur tour, de sorte qu’après chaque cycle, tous les membres ont été payés.
    • Des groupes environnementaux qui se concentrent sur la collecte de déchets, l’assainissement de l’environnement ou la plantation d’arbres.
    • Des groupes artistiques comme des cours de danse, de yoga, de dessin, etc.
  • Des groupes qui ont été légalement enregistrés par le Gouvernement de Kenya, par le Ministère de l’Égalité des sexes, de l’Enfance et du Développement social. Lors de sa constitution, le groupe doit préciser la fréquence de ses réunions et l’organisation doit pouvoir vérifier que le groupe poursuit les objectifs mentionnés dans sa constitution.
  • Des groupes qui investissent dans leurs membres en empruntant ou en achetant des biens qui permettront d’augmenter le nombre de membres du groupe.
  • Certains groupes communautaires impliquent uniquement des femmes ou des filles mais lorsqu’il y a des hommes et des femmes, l’organisation applique une règle des deux-tiers (maximum deux-tiers de la direction du groupe est confiée à des hommes).

Lorsqu’un groupe est sélectionné, une session de réflexion est organisée, lors de laquelle les membres partagent leurs idées quant à la construction du bâtiment dans le cadre du développement d’un programme de travail. Les activités débutent avec une enquête pour déterminer le nombre d’utilisateurs et fixer les cotisations pour l’utilisation des services. Cela implique le calcul du nombre de ménages dans le quartier informel afin d’évaluer la demande potentielle.

Le programme vise à renforcer les capacités de l’organisation communautaire afin de lui permettre de gérer l’installation en offrant des formations sur la gestion financière, le marketing et la gouvernance, la promotion de l’hygiène, les compétences entrepreneuriales et la gestion afin de pouvoir diriger l’installation de façon transparente et responsable.

La conception du biocentre est réalisée par Umande Trust et la communauté afin de permettre aux groupes de choisir ce qu’ils souhaitent intégrer dans les espaces construits au-dessus des installations sanitaires.

Les groupes sont également chargés d’engager des travailleurs appartenant à la communauté. Ces personnes sont formées sur le travail à réaliser et gagnent de l’argent grâce à ce travail, tout en acquérant de nouvelles compétences dans le domaine de la construction, ce qui pourrait les aider à trouver du travail par la suite. Umande Trust offre une aide technique tout au long du processus.

L’argent nécessaire pour la construction est déposé sur le compte en banque du groupe, ce qui facilite la responsabilité et la gestion, et qui permet de former le groupe à être responsable. Pour la transparence, des séances périodiques de comptabilité sont organisées pour déterminer les montants qui ont été utilisés.

La phase de construction en soi se décline en trois étapes :

  • La construction d’un biodigesteur souterrain.
  • La construction de l’installation sanitaire, de toilettes (pour hommes et pour femmes) en englobant de chaque côté des toilettes spécifiques pour les personnes handicapées et les enfants.
  • La construction de logements ou d’autres espaces à l’étage au-dessus de l’installation sanitaire.

Lorsque la construction est terminée, le groupe se charge de la gestion du projet et le personnel de l’organisation Umande Trust suit les progrès et donne des conseils au groupe.

L’organisation travaille en étroite collaboration avec le gouvernement local et les ministères chargés des approbations, notamment pour l’acquisition des terrains par les groupes et la connexion de l’installation sanitaire à l’eau.

Elle travaille également avec des bailleurs, qui fournissent trois types de financement :

  • Subventions de bailleurs : il s’agit de fonds que les bailleurs fournissent car ils ont constaté un besoin auquel ils souhaitent trouver une réponse. Ces fonds sont complétés par le groupe par des contributions en nature.
  • Emprunts : dans le cadre du Fonds de développement sanitaire de l’Umande Trust, les groupes peuvent demander des fonds pour la construction de ces projets.
  • Entreprenariat social : il s’agit d’un service de consultance de l’Umande Trust qui offre une expertise dans la construction des biocentres.

Quel est son impact ?

Le projet a réussi à développer un impact sur les programmes des autorités locales, et la technologie des biocentres est considérée comme prioritaire dans les plans de développement des quartiers du gouvernement régional. Cela a été réalisé par le biais d’un mémorandum d’entente entre Umande Trust et le Gouvernement régional qui se concentre sur des projets de démonstration dans les comtés de Kisumu, Machakos et Busia. Les autorités locales de ces régions ont alloué des fonds pour mettre en œuvre le modèle des installations sanitaires écologiques dans le cadre de projets pilotes au sein d’écoles et de marchés à raison de 23.000.000 Shillings kenyans (KES), soit 230.000 dollars. Il y a également des discussions sur le développement d’un mémorandum d’entente entre Umande Trust et le comté de Nairobi sur l’intégration du modèle des installations sanitaires écologiques pour répondre à des problématiques dans le domaine de la santé.

Comment est-il financé ?

Les biocentres sont principalement financés par des contributions des communautés et des subventions de bailleurs internationaux comme l’Agence française de développement, Oxfam GB, la Fondation Bill et Melinda Gates, l’Ambassade suédoise, l’Ambassade finlandaise, SustainableEnergy, etc. Le gouvernement local ou national et ses organismes, comme la société des eaux et des égouts de Nairobi, ont également apporté leur soutien au projet. Ces revenus ont été obtenus grâce à des activités de levée de fonds organisées par Umande Trust et des écoles et organisations.

À titre d’exemple, la mise en œuvre d’un des biocentres à Mukuru a débuté avec une subvention initiale de l’Ambassade finlandaise à Nairobi et de l’association finlandaise Wimma Liikuttaa ry. Le montant total de cette subvention était de 3,5 millions KES (35.000 dollars) et a été utilisé pour couvrir les coûts de construction de l’ensemble du projet : les toilettes, les douches, les logements, l’installation de cuisinières à biogaz et l’éclairage des logements.

Le groupe communautaire local du comté de Mukuru a contribué à hauteur d’environ 20% en nature en s’occupant de la gestion de l’excavation du site pour le biodigesteur, permettant la participation de la communauté et la direction des travailleurs, qui sont issus de la communauté locale et qui sont rémunérés pour leur travail. Les membres du groupe assurent la sécurité des matériaux qui sont utilisés durant et après la construction, et s’occupent également de la sécurité des membres du projet et des travailleurs car toutes les installations ne sont pas sûres.

Le gouvernement kenyan a également offert un montant forfaitaire d’environ 60 millions KES (630.000 dollars) pour soutenir le programme.

Depuis le début du projet en 2013, Umande Trust a apporté quelques changements à son modèle de financement des biocentres, plaçant à présent l’accent sur un modèle d’entreprenariat social qui opère sur la base suivante : Construction-Opération-Transfert. Cette approche révisée implique le soutien de la construction des installations sanitaires par des groupes capables de gérer le processus et possédant les espaces prérequis et les documents d’approbation du gouvernement. Umande Trust conclut ensuite un accord pour fournir un emprunt qui sera remboursé grâce à la mise en œuvre de l’installation sur une période convenue. Lorsque l’emprunt et les intérêts convenus ont été remboursés, l’installation est entièrement transférée au groupe concerné qui la dirigera comme une entreprise commerciale pour tous les membres de la communauté.

Il existe trois types de biocentres :

  • Les biocentres situés près des marchés, servant aux commerçants et aux clients.
  • Les biocentres situés dans des quartiers résidentiels, servant aux résidents au sein des quartiers informels.
  • Les biocentres situés dans les communautés ou les écoles, servant aux utilisateurs de ces services dans le quartier.La conception des biocentres prend en considération la population qui utilisera l’installation sanitaire, et les coûts de construction peuvent être compris entre 1 million KES (10.000 dollars) et 5 millions KES (50.000 dollars) selon la taille et les caractéristiques de l’installation.En termes de coûts des logements, les coûts des logements dans les quartiers informels vont de 2.500 KES (25 dollars) à 4.500 KES (45 dollars). Le manque d’accès à des services basiques à domicile implique que les résidents sont obligés de retirer le coût des toilettes, des services d’eau et du carburant de leurs revenus quotidiens. À titre de comparaison, le coût des logements dans les biocentres sont compris entre 5.000 KES (50 dollars) pour une grande pièce à 2.500 KES (25 dollars) pour une petite pièce avec toilette, douche, eau et biogaz pour la cuisine et l’éclairage. Les revenus engendrés par la location de ces logements sont gérés par la communauté.

Les biocentres ont été conçus de manière à être autonomes grâce aux revenus générés par les services proposés : toilettes, douches, biogaz, logements et espaces locatifs. Étant donné que les biocentres sont construits dans différentes installations, il n’existe pas de modèle générique. Certains biocentres permettent de générer jusqu’à 91.000 KES (900 dollars) par mois alors que d’autres ne peuvent générer plus de 30.000 KES (300 dollars), selon la taille des installations et les niveaux d’utilisation. Les centres génèrent un revenu moyen compris entre 50.00 et 60.000 KES (500 à 600 dollars) par mois, montant qui est déposé sur le compte en banque du groupe communautaire.

Aspects innovants

Développement innovant répondant à plusieurs besoins en termes d’installations sanitaires, d’énergie, de revenus, de services communautaires et de logement : Le modèle des biocentres répond au besoin d’installations sanitaires adéquates et à la demande d’énergie en fournissant du biogaz sûr aux ménages et en fournissant du compost naturel pour améliorer le jardinage urbain. L’utilisation de biogaz remplace l’utilisation de combustibles traditionnels comme le kérosène ou le bois de chauffage, ce qui permet à long terme de préserver l’environnement en protégeant les forêts. Outre la fourniture d’installations sanitaires, le centre multifonctionnel fournit des espaces pour inclure des activités, des commerces et des services qui pourraient profiter au quartier selon la communauté, permettant d’engendrer d’autres avantages comme la génération de revenus et l’impact social.

Utilisation de la technologie : Les biocentres englobent plusieurs innovations technologiques, comme les capteurs à l’entrée et les systèmes de comptage dans chaque toilette qui permettent de compter le nombre de personnes qui utilisent le centre. Les biocentres incluent également l’utilisation de plateformes numériques pour les paiements comme M-Pesa et Kopo Kopo (systèmes de transfert d’argent pour les paiements mobiles), ou BebaPay (système promu par Equity Bank et Google et qui utilise la technologie NFC (communication en champ proche)). Les utilisateurs utilisent leur téléphone pour payer les services, et l’argent est directement transféré sur le compte en banque du groupe. De cette façon, les membres de la communauté et les directeurs des biocentres ne doivent pas gérer d’argent en espèces, ce qui améliore le contrôle et la sécurité des actifs financiers, contribue à renforcer la confiance et la transparence et facilite et accélère l’utilisation des installations.

Gouvernance communautaire via le processus de conception et de gestion : Les procédures de gouvernance des constructions garantissent que les groupes communautaires et les communautés jouent un rôle essentiel pour proposer et déterminer les plans architecturaux des biocentres. Avant la construction, chaque groupe communautaire constitue des équipes spécifiques qui prendront les principales décisions au niveau de la construction, de l’opération et de la gestion des installations. Exemples de sous-comités :

  • Comité chargé de l’approvisionnement et des offres : garantissant un accès transparent et abordable aux matériaux de construction ;
  • Équipe chargée des travaux : chargée de la planification et de la mise en œuvre des travaux ;
  • Équipe chargée de l’audit : chargée des rapports d’audit lors des séances de comptabilité (mensuelles et trimestrielles) entre les membres et le personnel de l’organisation ;
  • Comité de gestion commerciale : chargé de la planification et du développement des activités commerciales de l’installation, ainsi que de la gestion après-construction (hygiène, biogaz, comptabilité, etc.) ;
  • Comité exécutif : chargé de la coordination générale et du respect des mémorandums d’accord.

Système d’actionnariat communautaire : Ce système, conçu pour des services urbains basiques, doit garantir que les membres individuels des groupes communautaires gérant les biocentres bénéficient d’un système de partage des bénéfices. Les plans d’affaires stipulent que 60% des revenus sont alloués aux membres sous forme de dividendes ; 30% sont mis de côté pour la gestion des installations et 10% sont inclus dans le Fonds de développement sanitaire de l’Umande Trust.

Quel est son impact sur l’environnement ?

Les problèmes environnementaux abordés incluent les installations sanitaires, la pollution de la terre et de l’eau, les énergies renouvelables et la pollution atmosphérique.

Le projet promeut les énergies renouvelables en permettant aux communautés de passer du bois, du charbon, du kérosène et du gaz au biogaz pour la cuisine. Les installations sanitaires écologiques bouclent la boucle du processus de gestion des déchets en transformant les excréments humains en ressource naturelle. Les biocentres appliquent des principes sanitaires écologiques pour garantir la transformation des excréments humains en produits biologiques en produisant du gaz via des biodigesteurs et en produisant de l’engrais comme sous-produit.

Un biodigesteur standard produit au moins 12 m3 de biogaz (1 m3 de biogaz permet de générer 4.500 à 5.500 Kcal m2 d’énergie thermique). Cette chaleur est suffisante pour faire bouillir 100 litres d’eau ou allumer une lampe de 60 à 100 watts pendant quatre à cinq heures. En outre, 30 m3 de biogaz équivalent à 18 litres de gazole. Cette source d’énergie renouvelable est utilisée pour les activités commerciales et ménagères au sein des installations.

Si l’on estime que la consommation moyenne par habitant est de 3 kg de bois par jour pour l’énergie (cuisine, chauffage et eau bouillante) de chaque ménage, la demande quotidienne d’énergie par habitant équivaut à environ 6 kWh, ce qui pourrait être couvert par environ 1 m3 de biogaz. L’utilisation du biogaz, qui remplace les combustibles traditionnels comme le kérosène ou le bois de chauffage, contribue à préserver l’environnement, notamment pour sauver les arbres qui entourent les quartiers informels.

En outre, les digesteurs de biogaz réduisent efficacement la quantité de méthane directement libérée dans l’atmosphère, en l’enfermant et en facilitant son utilisation en tant que carburant vert.

Les biocentres ont également un impact positif sur les alentours de l’installation. Les cas de toilettes volantes et de défécation en plein air au sein des quartiers informels ont considérablement diminué dans les quartiers où sont situés les biocentres. Ce confinement des excréments humains réduit également la pollution des cours d’eau et permet de réduire les maladies hydriques.

Les déchets organiques produits par les biocentres sont actuellement utilisés pour le verdissement urbain des quartiers et pour améliorer l’environnement pour les résidents, et plusieurs biocentres se sont engagés dans des activités visant à promouvoir l’agriculture urbaine et la plantation d’arbres. Par exemple, le biocentre de l’école primaire de Mashimoni a organisé un club d’agriculture.

Quel est l’impact social du projet?

L’approche inclut également l’établissement de groupes de travail composés de membres de la communauté qui se concentrent sur différents axes de travail comme la finance, l’énergie et les installations sanitaires, ce qui permet de renforcer la participation et le sentiment de propriété. Cette approche participative renforce également l’implication des femmes et des jeunes. Grâce à ce projet, ils ont eu la chance de contribuer au développement communautaire, via la création et la gestion du biocentre et/ou en lançant leurs propres projets au sein de ces quartiers.

Les groupes communautaires peuvent gérer efficacement le biocentre grâce à des formations en matière de renforcement des capacités sur différentes thématiques comme la responsabilité, la promotion de l’hygiène, le leadership, les procédures d’appels d’offres, la comptabilité, la gestion financière, la gouvernance, etc. Ces nouvelles compétences permettent aux membres de la communauté locale d’avoir un moyen de gagner leur vie.

Les espaces communautaires fournis dans ces facilités ont créé une plateforme de dialogue parmi les résidents ainsi qu’un espace pour des activités récréatives (matchs de football, répétitions de musique, etc.) et d’autres services comme les formations, l’accès à Internet, etc. Certains biocentres intègrent des salles communautaires pour des réunions ou des discussions entre les dirigeants et les résidents ou juste pour permettre aux résidents de discuter de problèmes en cours ou de suivre des formations.

Les dividendes provenant des revenus sont distribués aux groupes communautaires et sont utilisés pour soutenir la communauté de différentes façons.

L’amélioration de l’accès aux installations sanitaires réduit les coûts liés aux soins médicaux pour des maladies hydriques, ce qui permet de réduire les factures des ménages.

Des activités de promotion de l’hygiène sont souvent organisées par les membres du groupe dans le voisinage, et ces activités impliquent directement les résidents, qui sont encouragés à s’impliquer dans les activités de « nettoyage » de la communauté et à gérer correctement les déchets. La sensibilisation de la communauté sur l’hygiène a permis aux locaux de prendre conscience de l’importance de pratiques comme le fait de se laver les mains après avoir été à la toilette afin de réduire les maladies au sein de la communauté.

L’accès à l’eau, aux installations sanitaires et à des cuisinières au biogaz a permis de diminuer l’incidence des maladies courantes comme les infections oculaires, les maladies respiratoires, les toux causées par la fumée, la diarrhée, la dysenterie, le choléra et les infections parmi les adultes et les enfants. Les femmes et les enfants ont moins de problèmes aux bronches et ont une espérance de vie plus longue ; les ménages économisent également de l’argent en soins hospitaliers.

Les installations sont également accessibles pour les personnes handicapées, ce qui fait de ce modèle une solution inclusive, appropriée pour tous les âges et toutes les conditions physiques, réduisant ainsi les inégalités en termes d’accès aux installations sanitaires.

On a également constaté que les personnes vivant dans ces quartiers à proximité des biocentres ont commencé à rénover leurs propres logements, conformément aux améliorations apportées dans leur quartier local.

Viabilité financière

Le projet est autofinancé car les biocentres génèrent des revenus de l’utilisation des toilettes, des douches, du biogaz et des locations des espaces commerciaux et des logements. Environ 300 personnes utilisent quotidiennement les installations, payant chacune 5 KES (0,05 dollar) pour une toilette et 10 KES (0,10 dollar) pour de l’eau chaude dans la salle-de-bain. Le biogaz est facturé 10 KES (0,10 dollar) alors que les combustibles traditionnels comme le bois de chauffage et le kérosène coûtent 81 KES (0,80 dollar) le litre et les briquettes coûtent 20 KES (0,20 dollar).

Les centres génèrent un revenu moyen de 50.000 à 60.000 KES (500 à 600 dollars) par mois qui est réinvesti pour financer des activités futures du projet et qui est ensuite réparti comme suit :

  • 60% est distribué sous forme de dividendes aux membres du groupes qui pourront l’utiliser comme économies et/ou l’utiliser comme emprunt pour les membres individuels.
  • 30% est utilisé pour les dépenses opérationnelles de l’installation, incluant le salaire du concierge, les frais de gestion, et les frais de réparation et d’entretien.
  • 10% sert de contribution au Fonds de développement sanitaire qui est un fonds renouvelable finançant les installations sanitaires, géré par Umande Trust pour le groupe communautaire et pour permettre la construction d’autres installations dans les quartiers en vue de répondre à la demande croissante de meilleurs services.

Étant donné que les subventions des bailleurs ont diminué, ce fonds renouvelable est utilisé pour aider les groupes à obtenir des emprunts pour les installations sanitaires. Ils remboursent ensuite ces emprunts avec un taux d’intérêt de 10% après avoir terminé la construction de l’installation. Ce modèle a été développé à la demande non seulement des groupes communautaires mais également des institutions et des propriétaires qui n’ont pu obtenir de soutien financier des institutions financières ou du gouvernement. Cela aide de nombreuses personnes à accéder au fonds, diminuant ainsi le recours à d’autres organismes de financement, et permet à des personnes, institutions et communautés à obtenir des financements et à étendre l’amélioration des installations sanitaires dans les quartiers urbains à bas revenus.

Le biocentre implique de nombreux acteurs différents au niveau local au sein des communautés et a généré des opportunités d’emploi tant à temps plein qu’à temps partiel pour la communauté locale. Les jeunes ont particulièrement bénéficié de ces opportunités génératrices de revenus liées aux biocentres et des emplois relatifs à la construction de l’installation. Par exemple, à Lunga Lunga, des groupes de jeunes ont utilisé leurs économies du biocentre pour acheter un équipement pour laver les voitures et ont employé d’autres jeunes locaux pour laver les véhicules. Les locaux ont également pu accéder à des emprunts pour ouvrir de nouveaux commerces en utilisant les revenus des biocentres en guise de sécurité. Ce système sans transfert d’argent liquide offre davantage de transparence, rendant le projet financièrement durable et réduisant les risques de mauvaise gestion financière.

Les tarifs pratiqués pour la location des logements varient selon la taille des chambres et les conditions du marché local. Ils s’alignent généralement sur le coût des logements dans les quartiers informels mais offrent des logements de meilleure qualité avec un accès aux installations sanitaires. Les coûts énergétiques provenant du biogaz sont moins élevés que les combustibles traditionnels et les sources d’énergie sont relativement abordables pour les usagers.

Obstacles

Etant donné que la construction du premier biocentre coïncidait avec les éléctions législatives de 2013, on craignait que la zone de construction soit dangereuse à cause de l’instabilité civile. Cela a engendré des retards au niveau de l’approvisionnement des matériels ainsi qu’une hausse des coûts des matériels car les fournisseurs retardaient le transport des matériaux à cause de la tension à l’époque, et la hausse des prix était justifiée par la volonté des fournisseurs de se protéger contre toute perte.

La construction coïncidait également avec une période pluvieuse qui a engendré l’engorgement du site d’excavation.

Certains quartiers informels ont des routes assez étroites qui les rendent pratiquement inaccessibles, ce qui compliqe l’accès des camions au site.

Ces problèmes ont été abordés comme suit :

  • Un partenariat avec l’administration locale a permis d’assurer une certaine sécurité, qui a été maintenue grâce à des visites fréquentes du responsable de l’administration locale.
  • La signature d’un mémorandum d’entente avec différents fournisseurs afin de disposer de différents matériels à différents prix.
  • Le manque d’accès au site offrait des opportunités d’emploi pour les jeunes de la région qui pouvaient transporter le matériel vers le site en utilisant des brouettes.Certains obstacles perdurent en termes de disponibilité des ressources, de barrières culturelles par rapport à l’utilisation d’énergie provenant de déchets, et de la diffusion limitée des connaissances. Il existe un potentiel inexploité en termes d’installations sanitaires écologiques, mais l’Umande Trust veut poursuivre ses partenariats avec les communautés afin de sensibiliser les communautés sur les avantages des biocentres.

Leçons retenues

  • La participation de la communauté dans la direction des services engendre un sentiment de propriété et renforce leur responsabilité.
  • Les partenariats ont aidé l’organisation et les communautés à atteindre leurs objectifs, qui auraient été difficiles à atteindre autrement.
  • Les opportunités de planification conjointe et de révision périodique du projet se sont avérées utiles car elles ont permis de mettre en exergue les priorités pour l’organisation.
  • Les contrats communautaires et les activités professionnelles ajoutent de la valeur aux stratégies de réduction de la pauvreté car ils offrent des opportunités d’emploi.
  • L’intégration des contributions de la communauté lors des étapes préliminaires du projet engendrent un meilleur sentiment de propriété.
  • Les revenus provenant des facilités peuvent fournir une source alternative de financement pour les propriétaires.

Des messages clairs via des stratégies ciblées de marketing sont essentiels car ils peuvent battre en brèche la stigmatisation liée à l’utilisation du biogaz et des déchets organiques provenant d’excréments humains. Les stratégies efficaces de marketing ont inclus :

  • Des journées portes ouvertes : où les communautés ont pu utiliser gratuitement les toilettes ou cuisiner en utilisant du biogaz sans payer.
  • La promotion de l’hygiène : impliquant des membres formant les résidents sur la propreté et sur l’hygiène.
  • Différents systèmes de tarification : selon le moment de la journée, avec des prix plus élevés lors des heures de pointe (tôt le matin et le soir), ce qui a permis de générer des revenus et aidé de nombreux membres de la communauté à accéder aux installations sanitaires.

Évaluation

Différents outils sont utilisés par Umande Trust pour évaluer le programme :

  • Un plan d’affaires avec des rapports trimestriels.
  • Des rapports financiers incluant des audits annuels pour analyser les progrès des groupes.
  • Des visites de terrain par les chargés du suivi et de l’évaluation.
  • La collecte de témoignages sur l’impact du projet dans les communautés. Ce processus implique la sélection systématique des témoignages les plus importants sur les changements apportés par le projet. Cette sélection est réalisée par des panels de membres du projet. Lorsque des changements ont été définis, des groupes de personnes se réunissent, lisent les témoignages à haute voix et ont des discussions en profondeur sur la valeur de ces changements.

Umande Trust dispose d’un chargé de suivi et d’évaluation à plein temps responsable des évaluations périodiques incluant :

  • Les niveaux de production de biogaz.
  • Le développement commercial (comptabilité, plans opérationnels d’activités).
  • La bonne gouvernance et la responsabilité (nombre de membres, révision des constitutions, élections de comités, programmes de réunions).
  • Le nombre d’usagers.
  • Le déroulement de l’opération et l’entretien du biocentre.
  • Les aspects environnementaux et sanitaires (propreté générale, gestion des eaux usées, poubelles sanitaires, lave-mains)

Le projet a montré des améliorations au niveau de l’accès à des services sanitaires dignes, sûrs, adéquats et abordables dans la région et est conforme avec la déclaration des droits de la Constitution du Kenya qui indique que les résidents devraient avoir accès à des logements adéquats avec des normes sanitaires adéquates et un accès à l’eau propre et potable en quantité adéquate.

Reconnaissance

Umande Trust continue d’apprendre et d’innover en engageant différents acteurs. Elle accueille des visiteurs de différentes parties du monde avec l’intention de partager son expérience et les leçons retenues.

Pour ce projet spécifique, elle a notamment accueilli un représentant de la Fondation Bill et Melinda Gates, l’équipe World Vision, des représentants du camp de réfugiés de Kakuma, des étudiants de l’Université de Nairobi et des professeurs de différentes universités locales.

Transfert

L’organisation a déjà été impliquée dans l’étendue du projet. Elle est passée de sa base initiale à Nairobi, au Kenya, à d’autres parties du pays et est impliquée dans 73 établissements dans les comtés de Kisumu, Homabay, Machakos et Nakuru.

Le principal obstacle empêchant le transfert de cette approche est le financement nécessaire à étendue de la production de biogaz. Cela pourrait potentiellement passer d’une petite opération au niveau local à une opération disponible dans une plus grande région si on le compresse dans des cylindres afin d’être vendu à grande échelle à un prix abordable. Cette solution pourrait aider davantage de résidents désireux d’accéder au biogaz.

Umande Trust souhaite reproduire ce modèle en dehors du Kenya avec l’aide de plusieurs partenaires. L’organisation a également développé un partenariat avec des institutions financières (Equity Bank et banque KREP) qui ont développé un produit sanitaire qui intègre le modèle. Elles ont développé un produit sanitaire impliquant le financement de la construction de toilettes indépendantes, des connexions entre les toilettes indépendantes et les digesteurs, de la transformation des latrines à fosse en toilettes conventionnelles et de la construction de biodigesteurs dans les écoles. Umande Trust vise à mettre en œuvre davantage de ces projets en Afrique dans les régions où le logement, l’eau et les installations sanitaires sont inadéquats. Ce partenariat avec les banques améliorera l’accès aux financements nécessaires pour reproduire le modèle dans d’autres pays.

Umande Trust est sur le point de devenir une entreprise sociale et ce produit est un des produits qu’elle commercialisera pour les parties intéressées. Depuis le départ, Umande Trust dépend de subventions pour financer ses initiatives communautaires. Toutefois, elle travaille en vue de devenir davantage autonome grâce à la production de biogaz conteneurisé, de briquettes et d’engrais, et grâce à la fourniture de services de consultance sur des modèles biosanitaires à des clients potentiels qui ont montré un intérêt.