Le programme d’amélioration des kampungs a débuté en réalité dans les années 20 lorsque des mesures ont été prises pour empêcher la propagation des maladies des kampungs vers les quartiers résidentiels plus aisés. Le programme actuel à Surabaya a débuté en 1969 et a actuellement amélioré 70 pour cent des kampungs de la ville. Bien que des programmes similaires soient mis en œuvre aux quatre coins de l’Indonésie, celui de Surabaya se démarque par le partenariat développé entre les communautés à bas revenus et les autorités municipales. Cette collaboration a été renforcée par la coopération de l’Institut local des Technologies sous l’égide du Professeur Johan Silas.

Le programme d’amélioration des kampungs de Surabaya est un programme de proximité global qui non seulement améliore les conditions de vie des familles à bas revenus mais qui, en impliquant la communauté locale dans le processus, garantit également la durabilité à long terme et des améliorations constantes.

L’amélioration de l’infrastructure physique des kampungs est l’élément clé du programme. Des nouvelles routes et des nouveaux chemins sont construits, avec des fossés de drainage sur les côtés. La construction des nouveaux chemins est particulièrement importante, représentant au minimum un tiers des dépenses. Les routes en revanche ne représentent que 18 pour cent des dépenses. L’accès extrêmement limité pour les voitures permet aux kampungs de ne pas être envahis de familles à revenus moyens et de rester dès lors abordables pour les familles à bas revenus. Des enquêtes réalisées dans les kampungs démontrent que c’est le cas, avec 90 pour cent des résidents vivant dans ces kampungs depuis plus de cinq ans.

Des fossés de drainage sont prévus de chaque côté de ces sentiers pour l’évacuation des eaux usées et l’écoulement rapide de l’eau de pluie. Chaque maison dispose de sa propre fosse septique qui est régulièrement vidée. Des toilettes publiques et des douches sont également fournies. Un réseau de distribution d’eau est développé pour l’ensemble du kampung, avec des tuyaux servant 25 à 35 familles.

De l’eau potable est également achetée à des vendeurs de rue chaque jour. Des puits sont également utilisés pour fournir de l’eau non-potable, et la qualité de cette eau est sans cesse améliorée.

Durant les années 1984 – 1990, dans le cadre du programme d’amélioration des kampungs de Surabaya, 70 km de routes et 150 km de sentiers ont été améliorés, 93 km de fossés de drainage et de ponceaux ont été construits, et 56 km de canalisations ont été posés. Quelques quatre-vingt-six douches et toilettes publiques ont également été construites.

Les améliorations des logements sont réalisées par les résidents et ne font pas partie du programme.

La première impression lorsque l’on arrive dans un kampung qui a bénéficié de ce programme est sa propreté et l’abondance de plantes que l’on retrouve un peu partout. Des arbres, des buissons et des plantes bordent les rues et décorent les façades des habitations. Des petites plantes sont placées dans des pots ou dans des bordures spécialement construites et sont entretenues par les familles des maisons adjacentes. La présence de ces plantes permet de créer un nouveau microclimat dans le kampung, refroidissant quelque peu les températures très élevées de ces quartiers à haute densité. Les plantes sont en outre efficaces pour nettoyer la poussière et autres débris de l’air. Les coûts de ces plantes sont pris en charge par la communauté, les femmes de la communauté collectant l’argent nécessaire et plantant et prenant soin des arbres et des plantes. Des panneaux de signalisation et des lumières ont également été fournis par les locaux, de même que les poubelles jaunes et bleues que l’on retrouve à chaque sentier et route du kampung. Construites à partir de pneus de voiture, les poubelles jaunes sont destinées aux déchets non-recyclables, et les poubelles bleues sont destinées aux déchets réutilisables comme le papier, le verre, le métal, le plastique, etc.

La communauté est impliquée dès les premières étapes du programme. Des enquêtes préliminaires sur les conditions physiques des kampungs sont réalisées en collaboration avec les résidents, et les besoins et problèmes de la communauté sont discutés avec eux, avant de développer les plans des travaux nécessaires. Lorsque les propositions sont élaborées, elles sont discutées avec les communautés et des ajustements sont réalisés lorsque cela s’avère nécessaire. Ce n’est que lorsque la communauté atteint un accord complet sur le partage de la charge des améliorations de son propre environnement de vie que la mise en œuvre du programme peut débuter.

Les locaux sont encouragés à réaliser les plantations et à améliorer leurs propres installations en vue de participer à l’entretien constant du kampung. La communauté et le gouvernement local travaillent ensemble en tant que partenaires égaux dans le développement du projet. En moyenne, pour chaque million de roupies indonésiennes investi par le gouvernement, la communauté investit 500.000 roupies. Cela ne tient pas compte des efforts de la communauté au niveau des plantations, des lampadaires, des portes d’entrée, des poubelles, etc. À maintes reprises, on a remarqué que les résidents utilisent et prennent davantage soin des services et des installations s’ils sont impliqués dans leur création et dans leur fonctionnement. Les communautés réalisent les réparations des infrastructures physiques et paient leur propre service de collecte des déchets. Cela s’ajoute aux nettoyeurs de rue rémunérés par le gouvernement local.

Dix ans après la mise en œuvre du programme, les infrastructures et les bâtiments sont bien entretenus et ont dans certains cas été améliorés. Les toilettes publiques et les douches sont payantes, et sont tenues par les familles habitant le plus près de celles-ci. La famille utilise les frais d’utilisation pour payer une personne chargée de nettoyer et entretenir le service.

Les kampungs offrent des conditions favorables pour démarrer des petites entreprises informelles, dans la mesure où il y a peu de frais généraux et où de nombreux sites disposent d’une situation centrale. Dans la mesure du possible, les résidents sont encouragés à développer leur propres petites entreprises. Près de 70 pour cent des logements des kampungs englobent une activité économique, comme la fabrication et la vente de masques, de ventilateurs, de cages à oiseaux, la préparation et la vente de plats, des petits salons de beauté, etc.

Les femmes jouent un rôle important dans l’amélioration des kampungs. Leur implication passe par l’Organisation du bien-être familial qui est une organisation communautaire visant à encourager le rôle des femmes dans le développement de leurs communautés. Elle est consultée lors de chaque étape de la planification et de la mise en œuvre du programme. Les activités typiques réalisées par les femmes incluent le suivi des matériaux de construction, la supervision des constructions et la préparation de repas et de boissons pour les travailleurs. Au niveau de l’entretien et du suivi, leur rôle est encore plus important dans la mesure où elles balaient les sentiers, enlèvent les déchets dans les fossés de drainage, collectent l’argent pour acheter les arbres et autres plantes et se chargent de la plantation et de l’entretien des plantes. Les femmes sont en outre encouragées à créer des petites entreprises dans le kampung, contribuant ainsi à la génération de revenus pour leurs familles. Ces petites entreprises dirigées par les femmes consistent par exemple en des salons de beauté, des ateliers de couture, la préparation de repas, etc.

Les femmes travaillant pour l’Organisation du bien-être familial bénéficient souvent de formations pour leur permettre de transmettre les messages importants en termes de sanitaire et de santé, encourager d’autres femmes à entretenir et améliorer leurs logements et encourager la communauté à prendre soin de sa santé. Elles sont également chargées de donner des conseils en matière de planification familiale et de prise en charge des enfants. Elles lèvent des fonds pour organiser leurs activités et travaillent souvent avec les organisations de jeunesse de la communauté. Ces femmes ne sont pas payées pour ce type de travail mais sont des membres respectés de leurs communautés, facilement identifiables avec leurs uniformes bleus.

La contribution de la communauté est un facteur essentiel à la continuation du programme. En moyenne, pour chaque million de roupies indonésiennes investi par le gouvernement, la communauté investit 500.000 roupies. Cela ne tient pas compte des efforts de la communauté au niveau des plantations le long des sentiers, des lampadaires, des portes d’entrée, des poubelles, etc. Le programme encourage les résidents à investir dans l’amélioration de leurs logements et de leurs terrains. Cet investissement total excède largement les coûts initiaux du projet.

Le coût total du programme durant la période 1976 -1990 à Surabaya était de 40 millions de dollars, dont 13,5 millions ont été pris en charge par les résidents qui vivaient dans les kampungs améliorés par le programme. Cela représente un coût de 26,5 dollars par habitant.

Partenariat

Gouvernement local, gouvernement national, communauté local, recherche